Méditation et psychologie
couverture
Résumé
 










 

haut de page
Table des matières
Extraits choisis
Page d'accueil
Table des matières

Introduction : La dimension méditative 

Le sens de l'intériorisation rend heureux. Le retour à l'expérience. Fil directeur. D'un livre à l'autre. La spirale du spirituel. Les deux voies. Du soi au Soi : psychologie et spiritualité. Au-delà. La feuille dans la main du Bouddha. Les fondations de la méditation. Peut-on étudier l'expérience méditative ?. Pour une psychologie ternaire. Le maître spirituel. Pratique. Pensées. 
 
 

Première partie LES RACINES CORPORELLES

1. CORPS La posture 

L'influence de l'esprit sur le corps 

Biochimie de la croyance. Autoguérison catalytique. La recherche psychophysiologique et la méditation. Latéralité cérébrale et rythmes ultradiens. Les effets indésirables de la méditation. Méditation et société. 

L'autoanalyse et l'Occident . 

Pensées 

2. SOMMEIL 

La révolution du sommeil profond 

La logique des quatre états de conscience dans la pensée indienne 

La philosophie du rêve. La métaphysique du sommeil profond. La mystique du quatrième état : turiya. 

Méditation et physiologie du sommeil 

Implications spirituelles du rêve lucide 

Le rêve lucide comme préparation pour voir la vie quotidienne en tant que rêve. Les limites du rêve lucide. 

Les labyrinthes de l'Ombre 

Jung et l'Orient 

De la "mémoire liée à l'état " à l'état sans mémoire 

Mémoire liée à l'état et dissociation pathologique ou thétapeutique. Mécanismes d'action thérapeutique de la transe profonde. Pensées. 

3. SUBSTANCES 

Pourquoi étudier la relation et les différences entre états induits par la méditation, les drogues et les endorphines ?. La recherche sur les endorphines. L'arret du mental: endorphines,drogue et extase. Autoexpérimentation sur le lien entre endorphines et méditation. Interprétation spirituelle de l'expérience: états de conscience et conscience des états. Dernières réflexions. 

4. ÉNERGIE 

Quelques notions de base pour comprendre la Kundalini. Anatomie subtile. Les moyens 

d'éveiller la Kundalini. Signes d'un éveil sain de la Kundalini. Symptômes de déviation 

pathologique de la Kundalini. La Kundalini dans les traditions non tantriques. La Kundalini, expérience immédiate et chemin à long terme. Pensées. 

5. ACTION 

Nécessité de l'action. " Voir l'action dans l'inaction et l'inaction dans l'action ". Agir avec 

le mental vide. L'habitude de la plénitude. Compassion. Pensées. 
 

 


Deuxième partie LA TIGE DE LA PSYCHÉ

6. ÉMOTIONS 

Ignorance, séparation et souffrance émotionnelle. Commediante, tragediante. Dire ou ne 

pas dire. Refoulement, sublimation, transmutation. Comment sortir du cercle de la répétition ?. De la colère. Le snobisme du révolté. Émotions et pratique spirituelle. Pensées. 

7. EGO 

L'ego en Occident : Narcisse et le personnalisme 

L'absence d'ego en Orient: puissante impersonnalité 

L'ego sattvique. L'absence d'ego. 

L'ego en question : perspectives récentes de la psychologie occidentale 

Pensées. 

8. IMAGINAIRE 

L'imaginaire et le corps. Interprétations symboliques descendantes et ascendantes. Le 

symbole, aide ou obstacle?. Au-delà du symbole. 

9. POÉTIQUE 

Les fleurs du silence: poétique méditative. " Mais où sont les neiges d'antan ? " Éloge de la nostalgie. D'ombres, de lumière et de vide: poésie noire et poésie blanche. " La poésie, c'est la mémoire de l'Un ". " Versd'autres cieux, à d'autres amours. " Le poète peut-il s'évader vers lui-même ? " C'est si biau que je n'y comprends rien !... " Les poètes sont-ils crédibles ?. " Par une échelle secrète... " Entre poésie et méditation. " Ô, que ma quille éclate!... " Le Védanta de la poésie. " Le maître, sous tout ce qui se dit, de tout ce qui se tait. " La poésie de la transmission. 

Troisième partie L'EFFLORESCENCE SPIRITUELLE

10. ATTENTION 

L'attention dans le bouddhisme ancien 

La concentration, ou la répétition qui libère de la répétition 

Le pouvoir de la concentration. Les bases scientifiques de la concentration. 

L'observation, ou l'éveil de la lucidité 

Mécanismes libérateurs 

La méditation peut-elle aider des sujets pathologiques ? 

Pensées. 

11. DÉTACHEMENT 

L'esprit de détachement. Psychologie de l'attachement. Rien à faire, beaucoup à défaire. Le jeûne de la communication, ou comment remédier aux médias. Solitude. Gymnosophie, ou la sagesse nue. Pensées. 

12. JOIE 

La félicité (ananda) dans les textes de l'hindouisme. Enfance et transparence. Pensées. 

13. PURE CONSCIENCE 

Le marché de l'immédiat. Voie subite et voie progressive. Espace. Dynamisme. Plénitude. Vacuité. Connaissance complète. Pensées. 

Notes 

Glossaire des termes psychologiques 

Glossaire des termes sanskrits 

haut de page
Table des matières
Extraits choisis
Page d'accueil
Extraits choisis 

p11-p15

Le silence est a la fois la base et le but de la méditation, ainsi que l'espace où l'âme se déploie ; c'est de lui que provient toute vraie parole, que ce soit sur la méditation ou sur l'âme. Devant ce silence, je m'incline.

Mais qu'est-ce que l'âme ? Si j'aime ce mot, c'est peut-être parce qu'il est subtil, difficile à décrire, malaisé à circonscrire. Une définition libre de l'âme pourrait d'ailleurs être: " cette partie de l'être humain qu'on n'arrive pas à définir ". La notion d'âme garde une certaine fraîcheur: elle a eu la chance d'avoir été repoussée a priori par les psychologues qui se voulaient scientifiques, et elle n'a pas pu vraiment être cernée par les définitions métaphysiques qu'ont essayé d'en donner les théologiens. Pourtant, un sens de l'âme est indispensable à une réelle santé psychique et spirituelle.
On peut quand même rappeler certaines distinctions qui permettront de mieux connaître les différents niveaux où l'âme peut se situer. Il y a d'abord la 
distinction animalspiritus ou psukhêlnous de la tradition chrétienne, où l'âme représente la base corporelle et affective de la personne, par opposition à un esprit responsable des intuitions supérieures. Cette distinction pourrait correspondre schématiquement à la différence entre manas et bouddhi dans la pensée indienne. Par ailleurs, il y a la distinction entre anima et animus de Jung, l'anima représentant alors la féminité intériorisée de l'homme. C'est dans ce sens qu'en parle Thomas Moore, lui-même influencé par James Hillman dans un ouvrage récent. Il y développe une philosophie de la vie permettant d'ajouter plus de sens et de profondeur à notre quotidien, mais il ne se préoccupe guère de la méditation qui représente le fil directeur du présent ouvrage.

Un dernier sens du mot " âme " peut être l'Atman des Oupanishads, c'est-à-dire l'Absolu. À ce moment-là, l'expression " soigner son âme " perd son sens, puisque l'Absolu se soigne de lui-même, ou c'est lui qui peut nous soigner si nous avons l'intelligence de le laisser agir.

Ces définitions de l'âme peuvent amener à deux interprétations fort différentes du mot " psychologie ". Si l'on entend par " âme " l'Absolu, et par " logos " le
discours, ce discours sur l'âme qu'est censée être la psychologie est presque une impossibilité, puisque l'Absolu est au-delà de tout discours. Par contre, si 
l'on entend " âme " au sens d'anima et " logos " au sens de signification, la psychologie, c'est-à-dire le fait de donner une signification à l'âme, sera possible ; de plus, elle aura naturellement une orientation spirituelle. Cependant, la vraie méditation vise au-delà de l'anima et du discours ; en ce sens, le titre de ce livre aurait pu être " Méditation et métapsychologie ".

Venons-en maintenant aux divers sens possibles du mot " méditation ". Le verbe latin meditatari est un déponent, une sorte de mode intermédiaire entre l'actif et le passif: je trouve que c'est bien choisi pour ce type d'intériorisation qui correspond à une activité dans la réceptivité. Méditation et médication sont de la même racine: nous étudierons ce rapprochement particulièrement dans le chapitre sur l'attention.

Le mental est un pendule qui oscille indéfiniment dans un espace à trois dimensions, la peur, la colère et le désir. La méditation apporte une quatrième 
dimension, qui n'est pas le Temps, et que nous pourrions appeler tout simplement la dimension méditative.

On pourrait définir le terme méditer en une seule phrase: " arrêter le mental pour que le Divin, ou le Soi puisse se révéler ". Si l'on préfère une définition 
plus psychologique, on pourrait parler d'" une famille de techniques qui ont en commun la pratique d'une attention stable, non discursive et non analytique ".
 

Le sens de l'intériorisation rend heureux

Il se fait sentir de nos jours en Occident un besoin puissant d'une psychologie spirituelle qui ne soit basée ni sur une dogmatique ni sur le pathologique. La psychologie habituelle vise à une régulation du mental et à une intégration du moi, la méditation à un arret complet du mental et à une transcendance du moi. Cette distinction nous accompagnera tout au long de ce livre sous des formes diverses. Ceci ne signifie pas que les limitations du psychisme d'un individu donné excluent le spirituel ; sinon, qui pourrait cheminer sur une voie d'intériorité ? Ma Anandamayi ne disait-elle pas: " Souffrir d'une limitation est une manifestation de l'illimité " ?

Lukoff a reuni un nombre significatif d'études montrant comment un développement du sens religieux contribuait au bien-être psychologique en général, et à l'équilibre dans la vie de couple et de famille en particulier. On a demandé à un échantillon de population pris au hasard: " Combien de fois avez-vous eu le sentiment d'être très proche d'une force spirituelle puissante qui semble vous soulever au-delà de vous-même? " 40 % des gens ont répondu au moins une fois, 20
% plusieurs fois et 5 % souvent. Ce qu'il y a d'intéressant, note D. Goleman, l'auteur de cette étude, c'est que pratiquement personne n'a osé en parler à un prêtre ou à un thérapeute, sentant qu'ils ne pourraient comprendre. Pour Maslow, ceux qui n'ont jamais eu d'" expérience des sommets ", c'est-à-dire d'expériences intérieures aussi fortes qu'inattendues, sont plutôt une minorité. Chez ceux-ci, on peut soupçonner un refoulement de ces épisodes dû à un a priori idéologique, à une formation purement technique ou à une peur obsessionnelle des 
zones inconnues du monde intérieur.

Cet intérêt pour l'expérience spirituelle sous ses formes les plus diverses n'est pas un mouvement orchestré par une autorité centrale, c'est un mouvement 
populaire. Aux États-Unis, 25 % des best-sellers ont un sujet relié à la spiritualité. La psychiatrie, bien obligée, se met même à suivre. Après avoir longtemps considéré la religion comme le grand ennemi - sans doute parce que grand concurrent pour donner une explication autorisée de l'esprit -, elle a intégré dans sa récente classification (sous la rubrique Z du DSM IV) les problèmes psychologiques liés à une crise religieuse ou spirituelle et sans trouble mental associé, ainsi que, comme diagnostic différentiel, les problèmes religieux ou spirituels qui ne donnent lieu à aucun trouble psychologique quel qu'il soit.

Ceci est un signe de progrès certain par rapport à une situation précédente, ou les thérapeutes étaient tellement emmêlés dans une vision psychopathologique et 
univoque du monde de l'esprit que, pour eux, Dieu c'était le Diable... Heureusement, tous n'étaient pas comme cela. Je me souviens de la dernière matinée que j'ai passée à la faculté de médecine, où je devais présenter mon mémoire de psychiatrie. J'étais arrivé le premier parmi les étudiants, et les quatre professeurs de psychatrie du jury étaient aussi en avance. De quoi parlaient-ils entre eux, non sans animation ? De Dieu. Il s'agissait de savoir quelle religion était la plus proche de la vraie conception de la divinité. Après dix ans d'études, c'était la première et dernière fois que j'allais entendre parler de Dieu à la faculté...

Le retour à l'expérience

La méditation est une invitation à expérimenter. Le Bouddha disait: " Ce que vous pouvez revendiquer, c'est ce que vous avez vous-même vu, vous-même 
reconnu, vous-même compris. " Ce n'est pas de l'égoïsme, car les autres seront bénéficiaires automatiquement de notre compréhension juste, comme le dit également le Bouddha: " En se protégeant soi-même on protège les autres, en protégeant les autres on se protège soi-même. "

Il y a trois niveaux d'expérience méditative. La méditation spontanée, en deçà des techniques, où les gens aiment simplement être en dedans d'eux-mêmes : je 
me souviens avoir lu une étude de Prince où il avait constaté que les temps libres sur une journée étaient beaucoup plus fréquents qu'on ne le croyait chez la moyenne des gens. Cependant, dans la mesure où il n'y a pas de méthode suivie, les résultats restent limités, mêlant souvent les effets positifs (une certaine relaxation) aux effets négatifs (un accroissement de la rumination mentale). Le second type de méditation correspond à la pratique habituelle, durant un temps donne avec une méthode donnée. Le troisième type est la méditation réellement spontanée, qui arrive comme un état de grâce et qui
peut, chez de rares personnes, se stabiliser pour de bon.

L'experience intérieure se passe d'intermédiaires extérieurs - on pourrait dire par définition. Pour aller plus loin, on peut affirmer qu'elle est plus pure, 
plus légère, quand elle se passe aussi d'intermédiaires intérieurs : la méditation, c'est la non-méditation.

La méditation nous donne une chance de nous souvenir que, quand nous étions enfants, nous avons eu à nous adapter au monde et que pour cela nous avons dû " abdiquer notre extase " selon le mot de Mallarmé. Le goût de méditer vient quand on est lassé de la religion extérieure et de la Culture, qu'on ne veut plus être
un pion sur l'échiquier des manipulations socioreligieuses ou un rouage de cette grosse machine à consommer des idées qu'on appelle d'habitude Culture. Certains 
voudraient faire du culte de la culture une sorte de spiritualité laïque, publique et presque obligatoire; mais le chercheur spirituel sent bien qu'il s'agit de domaines différents : quoi qu'elle fasse, la culture restera fortement enracinée dans les champs de l'extérieur, alors que la méditation est un pur fruit du jardin intérieur, et ultimement une manifestation directe de notre 
vraie nature.

p46-p47

La méditation, ce travail tranquille, mène à l'état de repos vibrant qui est la source de tout travail. 

Chaque science a ses méthodes, ses instruments : on ne peut pas plus étudier la biologie, la science de 1'infiniment petit, avec un télescope, qu'on ne peut étudier l'astronomie, la science de l'infiniment grand avec un microscope. Le vrai recueillement, la science de 1'infiniment intérieur à son instrument de choix: la méditation. 

Des paradoxes à méditer oui; des sophismes pour s'amuser, non. 

Le narcissisme, c'est un attachement à soi-même sans compréhension, la méditation, c'est une compréhension de soi-même sans attachement. 

Paradoxal: " Il n'y a rien à pratiquer " est un enseignement secret réservé aux initiés qui pratiquent beaucoup. 

Dans notre jardin intérieur, il y a quelques plantes qui portent des fruits ; le reste, ce sont des herbes plutôt folles. Méditer c'est désherber, désherber, 

désherber.... Les fruits mûriront et tomberont d'eux-mêmes. 

Entre voir comment les choses devraient être et faire en sorte qu'elles le soient, il y a un monde - celui de la pratique. 

Prendre le temps de méditer, c'est un acte sacré: non pas un sacrifice au sens doloriste du terme, non pas un sacrement au sens ecclésiastique, mais unesacralisation, tout simplement. 

On s'entraîne bien en prenant des leçons pour conduire une voiture. Pourquoi ne pas sentrainer en méditant à conduire son véhicule intérieur ? Ou bienattendez-vous pour cela que l'Administration rende obligatoire la présentation du " permis de se conduire " ? 

La pratique quotidienne est la meilleure façon de vérifier jour aprés jour la parole de Nietzsche : " Le vrai courage, c'est celui qu'on a face à soi-même. " 

Multiplier les diplômes, les formations, revient à accumuler les paires de lunettes sur son nez : cela n'aide pas à voir la réalité, encore moins la Réalité. 

Si la réflexion ne débouche pas sur le silence de la méditation, elle risque de devenir - comme dans deux miroirs qui se regardent l'un l'autre - réflexion d'elle-même à vide, indéfiniment. 

Pour méditer. soyez attentif à votre mental: on pourrait dire en anglais : " mind your mind ". 

Le travail du méditant, c'est de stopper le discours intérieur, d'empêcher les images mentales de se développer, de faire cesser les sensations : en deux mots qui n'en font qu'un, c'est de ne pas s'arrêter d'arrêter. 

L'activiste a son centre de gravité au-dehors, le méditant au-dedans : dites-moi qui tombera le premier. 

Méditer, c'est voyager en avion : à travers le hublot de l'attention, on peut voir au-delà de la carlingue du mental la nuit étoilée, ou un soleil levant sur les mers de nuages. 

Aimer un enfant amène à l'éduquer par la parole et par l'exemple. 

S'aimer soi-même revient à s'éduquer par la méditation et le geste juste. 

Le mental ne peut s'empêcher d'interpréter, en général dans un sens négatif; qu'au moins, en méditation, ce soit dans un sens positif. 

Penser au vide : méditation profonde ; penser à vide : méditation ratée. 

N'est pas marchand qui toujours gagne; n'est pas méditant qui est toujours en paix. 

Le thérapeute aide ceux qui vont mal à aller moins mal: la méditation aide ceux qui vont bien à aller mieux. 
 

p53-p56

1. CORPS

" Le Soi en tant que sagesse a pénétré le soi en tant que corps 

jusqu'aux cheveux et jusqu'au bout des ongles. " 

Kaushitaki Oupanishad, 4-20


 L'importance du corps en lien avec l'esprit est maintenant largement reconnue par le grand public et les psychothérapeutes inspirés par la psychologie humaniste et transpersonnelle. Les techniques basées sur la relaxation, l'hypnose, la sophrologie donnent également une place centrale au corps. 

Dans la Tradition aussi, le corps est décrit comme " le temple de Dieu " pour les chrétiens, et en Inde on parle de la chance d'avoir une naissance humaine pour cette vie au lieu d'être né dans un corps animal ; cette chance doit être utilisée pour travailler dans le sens de Moksha, la Libération. 

La souffrance n'est pas vue comme entièrement négative: de même que le feu peut occasionner des brûlures, le couteau blesser, mais que les deux sont quand même utiles à qui sait s'en servir, de même la souffrance sert à nous éveiller chaque fois que nous acceptons d'écouter son message. 

Sortir de la souffrance a toujours été une motivation pour entrer dans une voie spirituelle ; au début, on cherche à remédier à la souffrance physique, puis on s'aperçoit du rôle du psychisme dans l'origine ou l'aggravation de celle-ci et on entame un travail intérieur. Par la méditation et les autres pratiques psychocorporelles, on développe déjà une claire sensation de son corps. La claire vision intérieure (Vipassana) du corps et des sensations qui y naissent, s'y développent et y meurent aide à accroître la lucidité à l'état de veille. 

Dans un gros volume publié en 1984, Walsh et Shapiro rassemblent les articles les plus significatifs de la recherche scientifique sur la méditation. Ils citent, déjà à cette époque, environ six cents références d'études sur le sujet, dont 90 % datant d'après 1970. On trouvera aussi en note d'autres recueils de recherche, dont l'ouvrage Zen et self-contro1. 

Nous allons commencer par parler de la posture de méditation, et de la manière dont elle favorise une base saine pour l'exploration de soi-même. Ensuite, nous envisagerons l'influence de l'esprit sur le corps, puis le lien entre méditation et autoguérison. 

La posture 

La posture est le reflet corporel de la qualité de la méditation ; on pourrait même dire que la qualité de la méditation est le reflet de la qualité de la posture. Pourquoi recommande-t-on en Orient la posture jambes croisées, dont le type complet est la posture du lotus (padmasana) ? Ce n'est pas par amour du mal aux jambes ni par masochisme. Il y a dans les tendons et les capsules articulaires, et à un moindre degré dans les muscles, des récepteurs spécialisés dans la mesure de l'état de tension et d'élongation des fibres qui les environnent : ces récepteurs sont liés directement à la substance réticulée activatrice située au niveau de la nuque, dans le bulbe rachidien. Quand il y a élongation, cette substance réticulée est activée et tout le cerveau s'éveille, puisque son rôle est d'être un " thermostat " de l'état de veille ou de sommeil du cerveau. En cas de coma, la substance réticulée est d'ailleurs inhibée complètement. 

La position des mains et des pieds, orientés vers le haut, marque un désir de sublimation de l'activité mentale, une aspiration à faire monter la conscience de l'instinctuel vers le spirituel, en pratique du bassin vers les épaules et la tête. Une attitude corporelle ou un geste tenu suffisamment longtemps est plus qu'un symbole : il se révèle comme un catalyseur de l'activité mentale dans un certain sens ; c'est un cristal de départ, plongé dans cette solution concentrée qu'est le mental : il confère sa structure, son organisation formelle à tous les atomes qui viennent à son contact. La position du cou-de-pied en contact avec l'intérieur des cuisses a un autre avantage : par réaction réflexe, elle libère la respiration abdominale qui est une respiration apaisante. De plus, le fait que les jambes soient immobilisées, comme verrouillées en position de lotus, empêche à la fois le corps et le mental de courir d'un côté ou d'un autre; en effet, dégager les jambes de cette posture entraîne des douleurs, c'est donc un " encouragement " concret à ne pas bouger.. Le fait de garder le regard fixé, soit en haut et en dedans dans le Yoga, soit en face de soi dans le Zen, obéit au même principe : aider à freiner l'activité de rêverie habituelle; même dans le rêve nocturne, il y a des mouvements oculaires rapides. En méditation, on cherche à aller dans un état d'unité au-delà des images mentales, dans un état de fixité oculaire (comme une sorte de sommeil profond conscient et dynamique) au-delà des mouvements oculaires rapides (rêve). 

Dans la vie ordinaire, le dos est relaché, venté, alors que les mains et les jambes sont tendues(avidité, réaction de combat/fuite). Dans la méditation, on inverse le processus : mains, bras et jambes sont détendus, seuls les muscles paravertébraux et la nuque gardent un dynamisme de base qui est directement lié au réflexe de l'éveil ; quand on s'endort, et au cours du sommeil avec rêve (paradoxal), il y a une relaxation de la nuque ; en méditation on tend la nuque, ce qui aide le mental à aller au-delà de l'imagerie mentale et du sommeil. 

Dans l'acte de méditation, on cherche un déploiement physique qui se reflète dans le mental : on dit ainsi dans le Zen qu'il faut " pousser le sol avec les genoux et le ciel avec la tête ". La position du fÏtus dans le sein de sa mère, la position en chien de fusil pour s'endormir, la position voûtée du déprimé sont toutes les trois en flexion avant. Cela correspond à une attitude psychologique régressive. Tout ce qui peut contribuer à redresser le dos et a ouvrir les épaules correspond à ce qu'on pourrait appeler une " dérégression " ; il y a dans le milieu et le haut du dos, par exemple sous le bord inférieur et interne des omoplates, des points réflexes qui favorisent ce redressement et cette ouverture. 

Cependant, ici comme en toute chose, il est meilleur de suivre la voie du juste milieu : un redressement excessif, une cambrure exagérée du haut du dos, correspond à une réaction de colère, comme le serpent menacé qui se dresse pour mordre. Sans aller jusque-là, l'image du cobra qui se dresse derrière le dos donne une idée du mouvement juste de la posture, comme elle est représentée par exemple dans l'iconographie de Vishnou. 

Il y a dans la première grande salle du Prince of Wales Museum à Bombay un Brahma du début de notre ère qui montre cette posture juste, avec un thorax et un tronc en forme de triangle pointé vers le bas; on retrouve la même forme dans les bouddhas ceylanais du premier millénaire. Plus proche de nous, on sent, quand on voit Ma Amritanandamayi en méditation, une grande force au niveau du haut du dos et de la nuque. De nos jours, la pratique de la méditation assise jambes croisées pénètre également la tradition chrétienne: j'ai pu m'entretenir l'an dernier avec le Maître des novices de la Grande Chartreuse qui m'a dit que la moitié de ses huit novices méditaient en lotus ou demi-lotus, position qu'ils avaient appris à pratiquer lors de stages divers et variés avant de rentrer à la Chartreuse ; il ne voyait pas d'inconvénient à cela, le but de la posture étant d'aider la méditation et la prière, et non pas de les gêner. 
 

p248-p249

Le distrait est dans la lune, l'être attentif dans le soleil. 

Au début, la méditation, c'est s'arrêter pour prendre le temps de souffler; c'est laisser au souffle le temps de s'arrêter. 

Quand jaillit un éclair d'immobilité, ce qui a été révélé le restera pour toujours. 

Un point de concentration, c'est une lucarne qui donne sur l'infini. 

Le but, c'est la non-dualité: la méthode, c'est une dualité à laquelle on revient sans cesse, entre l'observateur et l'observé. 

N'est-il pas extraordinaire que quelque chose d'extraordinairement simple -observer le souffle - soit extraordinairement difficile ? 

Méditer, ce n'est pas seulement remplacer les divagations extérieures du mental par les mêmes à l'intérieur : passer de l'extravagance à 1'" intravagance ". 

Méditer, c'est se poser au-dedans, c'est laisser 1'oiseau de l'âme se nicher sous le toit du cÏur. 

L'araignée et le mental ont ceci en commun : où qu'ils se trouvent, ils se mettent à tisser leur toile. 

Mais l'araignée est supérieure au mental : elle ne se laisse ni emmêler, ni piéger dans sa propre création. 

Par la simple force de gravité, une étoile peut s'effondrer en elle-même et se transformer en trou noir : elle deviendra invisible, mais sa force d'attraction sera considérable. Par la force de la simple concentration, l'ego du pratiquant peut s'effondrer en lui-même et donner un samadhi : il deviendra invisible, mais la force d'attraction du pouvoir du sage caché qui a expérimenté l'enstase sera considérable. 

Pour bien des esprits modernes, la compulsion de complication a remplacé la capacité de concentration. Ne pouvant focaliser leur mental sur une notion claire et simple, ils le laissent errer de lecture en lecture, d'idée en idée, en allant de complication en complication par des complications qui n'ont pas de fin. 

Les comportementalistes décrivent toutes sortes de conditionnements, opérants, aversifs, etc., qui viennent tous de l'extérieur : mais le conditionnement de la concentration lui, vient de l'intérieur. Si je devais lui donner un nom, je le baptiserais " conditionnement intelligent ". 

On croit que les bruits extérieurs troublent notre concentration mais quand on s'observe bien, on s'aperçoit qu'ils troublent plutôt nos distractions : peut-être d'ailleurs est-ce pour cela qu'ils nous gênent tant. 
 

p268-p273 
 

12. JOIE 

" Qui donc respirerait, qui donc vivrait s'il n'y avait pas cette félicité dans l'espace ? " 

Taittiriya Oupanishad, 2-7 


 Il peut paraître étrange de consacrer un chapitre à la joie dans un livre qui se réfère à la psychologie, car celle-ci n'en parle pas, comme s'il s'agissait d'une notion refoulée. Pourquoi cela? À mon sens, d'abord parce que la joie ne se prête guère à l'analyse, étant un état en soi ; ensuite, parce que la joie est liée à un élan pour aller au-delà des complications mentales, alors que la psychologie correspond plutôt à une tentative pour les explorer. Par contre, dans les traditions spirituelles, la joie occupe une place centrale. Dans le christianisme, on parle de gaudium, la joie spirituelle, la joie d'être, par opposition à laetitia, qui correspond plutôt à la fécondité, la richesse et le plaisir d'avoir. La parole de saint Paul: " Gaudete in Domino semper (Réjouissez-vous dansle Seigneur constamment) " est chantée régulièrement par les moines. Elle servait quasiment de mantra aux ermites du désert de Gaza, comme on peut le voir dans les lettres de Barsanuphe et Jean. Pour le bouddhisme théravada, la joie est un stade (jhana) du développement intérieur. 

En dehors du domaine traditionnel, les scientifiques expérimentent également une joie profonde dans la connaissance. Einstein disait: " La joie de regarder et de comprendre est le plus beau cadeau de la nature. " Dans la voie mystique dite de la Connaissance, on élève la connaissance du domaine des lois de la nature à celui de l'Être. 

Nous avons dit que la psychologie ne se préoccupait guère d'introduire la joie dans la thérapie ; cependant, Boorstein, auteur d'un article intéressant dans le Journal de psychologie transpersonnel intitulé " La psychothérapie au coeur léger " introduit dans ses séances des histoires d'humour soufi, des brèves réflexions suggérant que la vie est un rêve, ou que les problèmes qui ne sont pas résolus dans cette vie le seront sans doute dans une vie suivante. J'ai utilisé quant à moi les histoires de sagesse, souvent humoristiques, dans les séances de psychothérapie, et j'ai pu constater bien des fois que c'était le moment où l'intérêt des patients tout à coup se réveillait. 

Outre le livre de Moody sur la guérison par le rire, Norman Cousins a raconté qu'il avait guéri d'une maladie rhumatologique grave par la pensée positive et en s'enfermant dans une chambre pour regarder régulièrement des films comiques (cf La Volonté de guérir, Point-actuel, Seuil et La Biologie de l'espoir, Seuil). 

J'ai mentionné dans le chapitre sur l'attention que l'extase guérissait ; la joie aussi. Me revient en mémoire cet alcoolique rencontré lors d'une visite dans un centre de désintoxication en Pologne, où l'on m'avait demandé de venir faire un atelier sur " Méditation, yoga et psychotérapie ". Il représentait la meilleure réussite du centre : non seulement il avait été guéri, mais il revenait sur place et aidait beaucoup d'autres patients à s'en sortir. Il croyait en Dieu, mais sans sectarisme, et quand je lui ai demandé ce qui l'avait le plus aidé, il m'a simplement répondu : " La joie. " Quand on y réfléchit, la joie, si on sait l'éveiller, est un remède fondamental pour des pathologies aussi nombreuses que variées, allant de la psychasthénie et l'obsession à la dépendance et à l'accoutumance, en passant bien sûr par l'hypocondrie et, jusqu'à un certain point, les maladies liées à une baisse de l'immunité. 

S'il est si difficile d'analyser la joie, c'est qu'elle représente la toile de fond elle-même; en ce sens, il ne peut y avoir de psychologie de la joie. Et quand on se souvient que la psychologie est l'exploration des complications mentales, on réalisera qu'il ne peut y avoir non plus vraiment de joie de la psychologie. La joie existe en elle-même, sinon c'est de l'amusement. 
 
 

La félicité (ananda) dans les textes de l'hindouisme 

La mention de la félicité revient souvent dans les Oupanishads. Elle est associée à la non-dualité : " Un océan, un Voyant unifié, dépourvu de dualité, devient celui dont le monde est Brahman...C'est la voie la plus élevée pour l'être humain. C'est la réussite la plus élevée. C'est le monde le plus élevé. C'est la félicité la plus élevée. Les autres créatures ne vivent que d'une partie de cette félicité " (Brihad Aranyaka Oupanishad, 4-3-32). La Taittiriya Oupanishad consacre un chapitre entier à la félicité de Brahman. L'être humain est constitué de cinq enveloppes (kosha), la plus extérieure étant celle du corps, la plus intérieure celle de la félicité ; au-delà se trouve le Soi. Un texte de référence du Vedanta, le Panchadasi, consacre les cinq derniers de ses quinze chapitres à l'étude des différents types de félicité, discutant successivement celle qui vient du Yoga, du Soi, de la Non-Dualité, de la Connaissance et enfin des objets. 

La Bhagavad-Gita définit ainsi le Yoga (VI, 20-23) : " Ce en quoi, voyant le Soi par le soi, on se réjouit dans son propre Soi ; ce en quoi on expérimente la joie sans limites au-delà des sens, saisie seulement par la connaissance, sache que cela est " Yoga ", la désunion [viyoga] de l'union [yoga] à la souffrance. " 

Il est intéressant de noter que la joie est ce que la Gita recommande comme la première des " pratiques intensives " (tapas). Il s'agit de prasadah, c'est-à-dire d'une joie sereine qui est le fruit à la fois d'une bonne nature et d'un état de grâce. Ensuite seulement viennent le contrôle de soi et les autres vertus. Ceci peut se comprendre, car si on n'avait pas un avant-goût de la joie du Soi, pourquoi ferait-on toutes ces pratiques pour le réaliser ? 
 
 

Enfance et transparence 

Pour essayer de pressentir ce que peut être la félicité de l'expérience spirituelle, la meilleure méthode, après évidemment la pratique de la méditation, est d'interroger les sages. Nisargadatta dit : " Un petit enfant connaît son corps, mais non pas les distinctions fondées sur le corps, il est simplement conscient et heureux. Après tout, c'est pour cela qu'il est né. Le plaisir d'être est la forme la plus simple d'amour de soi, qui mûrit ensuite en amour du Soi. Soyez comme un enfant sans rien qui s'interpose entre le corps et le Soi. Le parasitage constant de la vie psychique est absent. Dans un silence profond le Soi contemple le corps. C'est comme un papier blanc sur lequel rien n'est encore écrit. Soyez comme un enfant, au lieu d'essayer d'être ceci ou cela, contentez-vous d'être. " " L'état de libération des pensées surviendra soudainement et vous le reconnaîtrez par le bonheur intense [ananda] qui l'accompagne. " Ceci s'accompagne d'un amour pour tout ce qu'on rencontre : " Le signe sûr de 1 Éveil, c'est que vous aimez ce que vous voyez, quelle que soit sa nature. " 

Un des premiers et plus grands disciples de Ma Anandamayi, Bhaiji, a vu un jour un tel bonheur rayonner de son visage qu'il lui a donné ce nom de anandamayi, " pénétrée de bonheur ". C'est ce qu'il raconte dans son livre Auprès de Ma Anandamayi. Quand Ma a atteint un certain âge, elle avait souvent un visage plus sévère en apparence. Cela pouvait être dû aux foules grandissantes qui venaient la voir. Elle était presque obligée de faire une sorte de sélection en ne poussant pas le contact avec de simples curieux ; de plus, ses fidèles n'étaient pas forcément à la hauteur de ce qu'elle leur demandait, et elle avait aussi le droit de leur manifester son désaccord en prenant un air plus sévère. 

La joie, c'est la perception du fil qui unit toute chose: " Dans une guirlande de fleurs, il y a un fil, des fleurs, des " manques " entre les fleurs. Ces manques sont cause de souffrance. Comprendre ce qui unit délivre de tout manque. " Ma disait d'elle-même: " Dans ce corps, rien n'existe qui soit du désir ou du manque. " 

On dit qu'un saint triste est un triste saint ; c'est vrai, mais avant de devenir un saint, c'est normal qu'on ne soit pas dans un état de joie continue. Malgré cela, il n'y a pas de mal a chercher à exprimer et à transmettre de la joie même si on ne la ressent pas complètement, comme un acteur qui répète son rôle et finit à force par vraiment rentrer dedans. Un moment viendra - qui sait? - ou cette joie se transformera en explosion et où on pourra dire avec un texte bouddhiste: " Le rire de l'être libéré retentit à jamais. " 

Il ne suffit pas de rechercher la joie sans objet, il faut aller jusqu'à la joie sans sujet, quand le noeud de l'ego est rompu. C'est un état qu'évoque Nisargadatta : " L'amour n'est pas sélectif, c'est le désir qui est sélectif ( ... ) Quand le centre de l'égoïsme disparaît ( ... ) on n'est plus intéressé par le fait d'être heureux : au-delà du bonheur il y a une pure intensité, une energie inépuisable, l'extase du don provenant d'une source éternelle. " 
 
 
 
 

Quand vous avez bien compris les lois du monde spirituel, vous n'avez plus besoin d'aller chercher la joie : la joie vient vous chercher. 

On peut analyser le plaisir, mais essayer d'analyser la joie a aussi peu de sens que de vouloir disséquer le feu, découper l'eau ou trancher l'espace. 

Ceux qui ne recherchent que leur petit bonheur n'ont guère de chances d'avoir de véritables expériences spirituelles : ils risquent plutôt d'avancer " au petit bonheur la chance ". 

Le bonheur du sage est dépourvu de l'oscillation perpétuelle entre excitation et satisfaction, il est tranquille comme le bonheur de l'être, ou tout simplement comme le bonheur d'être. 

Parfois, dans une assemblée, il y a un silence, " un ange passe ". Méditer, c'est écouter le silence dans l'assemblée des pensées et inviter l'ange à rester. 

Le méditant, comme l'homme ordinaire, accepte le fait que le désir c'est la vie; mais l'homme ordinaire en conclut que l'absence de désir c'est la mort, alors que le méditant pressent dans son expérience que c'est plutôt l'immortalité. 

Le bonheur de la compréhension est mille fois supérieur au plaisir de la satisfaction répétitive. 

La joie de l'essence est mille fois supérieure au bonheur de la compréhension. 

La joie du Soi n'est pas loin quand on demeure dans la joie pour la joie, 1a joie en soi. 

Le contentement a ceci de remarquable qu'il peut se démultiplier à l'infini, le contentement entraînant le contentement du contentement, et ainsi de suite. 

Certes, la joie, c'est la Voie, mais cela n'a jamais voulu dire que sur la Voie, on ne rencontrerait que de la joie. 

Ananda, la félicité du Yoga: la joie pleine de plein droit. 

Ce qu'il y a de particulier dans les larmes de compassion, c'est qu'on ne peut pas dire si elles sont de chagrin ou de joie: elles sont au-dèlà, car elles prennent leur source dans les replis de la montagne vide. 

De la passion pour autre que le Soi naît l'impatience; de la passion pour le Soi, la compassion. 

Une vie spirituelle parvenue à maturité est pénétrée de joie comme le corps de sang et le sang d'oxygène. C'est le mouvement de cette joie qui fait circuler l'énergie. 

Celui qui est dans la joie au-delà de toute joie, dans l'expérience au-delà de toute expérience, celui-là en vérité, a atteint la stabilité dans le Yoga. 

Tout est consommé pour celui qui est un maître consommé dans l'art de la joie. 

Des cendres de la joie s'exhale encore un parfum de joie. 
 

haut de page
Table des matières
Extraits choisis
Page d'accueil
 Commentaires & suggestions adressés à la rédactriceNathalie MASIA