Telle une ‘Mère Poule’ j’ai ramené sains et saufs mes ‘Poussins’ participants qui ont pu éclore en Himalaya comme des œufs de Pâques !
Un an auparavant, sur la route du retour Kankhal-Delhi, à la halte de Chittal Grand au milieu d’un parterre de fleurs, Jacques VIGNE m’avait montré une vieille carte en lambeaux de la montée en Himalaya vers Kédarnath et me l’avait tendue en me disant : « Le prochain, tu me l’organises là ! »
Dans ‘l’Esprit du Voyage’ que Jacques m’avait envoyé en guise de ‘chapeau d’introduction’, il avait eu plusieurs fois ce lapsus significatif : « Nous nous lèverons de bonheur », ce qui indiquait bien à chaque fois la ‘levataccia’ pour les italiens qui nous accompagnaient, la levée aux ‘aurores de moines’ pour nous autres pauvres pêcheurs et la joie intérieure qui anime Jacques.
Avant toute chose, ce qu’il faut pour faire une bonne retraite en Inde avec Jacques VIGNE, c’est être en forme psychiquement, mentalement et physiquement, ceci est absolument indispensable pour pouvoir le suivre, car non seulement il a de grandes jambes et un mental de fer, mais il est un bélier conducteur. Le troupeau composant le groupedoit chercher à s’adapter à son rythme, suant, soufflant, aux aurores, qui avec son coussin, qui son mouchoir, qui ses pilules, qui ses chaussons, son appareil photo, son envie de faire pipi…bref, il faut suivre…
Infatigable, intarissable, Jacques a pour habitude de nous entretenir tour à tour dans le petit bus bondissant, bourré de caisses d’eau minérale, tous rideaux flottants …Ayant fait le ramassage scolaire la veille à l’aéroport de Delhi, heureux, il nous ‘enguirlande’ de malas tressées en œillets d’Inde.
A la halte du déjeuner dans ce même endroit au parterre fleuri, la présentation des participants a lieu : médecins, retraités, pratiquants de yoga, enseignants, chercheurs…
Oserais-je dire qu’un voyage avec Jacques VIGNE, ça se mérite. Derrière son beau sourire affable dévoilant la chaleur du don de soi pour accueillir les autres, se cache aussi l’intégrité rigoureuse de l’ermite, le clin d’œil du scientifique toujours présent, le talent de l’écrivain, l’humour du Grand Frère qu’il est devenu pour nous et qui nous délivre de façon intarissable une culture mystique qui semble inépuisable.
Tout cela valait bien la peine qu’on lui chanta, à sa grande surprise, la chanson ‘FREREJACQUES’, en polyphonie s’il vous plaît, pour son anniversaire. J’avais proposé à tous mes ‘Poussins’ qu’on la répéta dans l’avion, mais une participante pleine d’humour me fit remarquer à juste titre, que par les temps qui courent, on risquait de se faire ‘jeter’ et qu’il vaudrait mieux apprendre à chanter ‘VOLARE’ !
Répéter en douce ne fut pas chose facile, mais on arriva à ce que la chorale des Poussins puisse faire cui cui(ou Q.I…Q.I… pour Jacques)en imitant les polyphonies corses.
A Kankhal, notre vieux maître Swami Vijayânanda, fut le premier point d’impact et d’imprégnation profonde. De plus en plus dépouillé de tout superflu, son bon regard pénètre au fond du cœur de chacun, lui ouvre une petite fenêtre sur l’amour universel, sur l’importance du SOI pour trouver un sens à la vie.
C’est
une bonne préparation pour la montée en Himalaya, dans l’écho
du SILENCE après une journée chez Chandra Swami, au milieu
de 200 personnes dans un ashram de rêve, sur les bords de
Nous nous imprégnons de plus en plus des odeurs, des sons, des goûts, des vibrations…L’Inde a une fragrance particulière…
Après une nuit à Rishikesh, la capitale du yoga, où notre hôtel donne sur la vue imprenable et magnifique des ashrams le long du fleuve au pied des montagnes, c’est la visite de l’ashram de Shivânanda. Puis, c’est la montée qui commence et la méditation dans la grotte de Washishta Gupha, où vécut pendant plus de trente ans Swami Purushottamananda, un petit fils spirituel de Ramakrishna, et où les vibrations ressenties dans la pénombre forment un contraste harmonieux avec les flots du Gange qui s’écoule à ses pieds au milieu des rochers ensoleillés.
Jacques a le chic pour dénicher, depuis l’autocar, ‘un’ arbre qui va, à lui seul, pouvoir faire de l’ombre afin d’abriter le pique-nique des participants, lequel sera bien digéré après avoir monté les nombreuses hautes marches (des marches de moines !) du joli temple dominant le bouillonnement du Gange bien occupé à intégrer ses affluents dans son flanc ! (asthmatiques s’abstenir…)
Nous
dépassons Déoprayag « le confluent des dieux »,
où les deux branches du Gange, celle au nord :
Le groupe s’engage dans la montée vers le Lac de Déoriatal par une matinée radieuse, au milieu d’une montagne fleurie de rouges rhododendrons et dont la vue donne sur le sommet du Chowkamba qui domine à 7000m d’altitude.
De notre nouveau point d’attache à Gaurikund, la montée vers Kédarnath est supprimée et se transforme en ascension vers Triyugi Narayan Vishnu, Le Seigneur des Trois Temples (passé, présent, avenir). Toujours ‘levé de bonheur’, Jacques VIGNE flotte sur son nuage blanc…il nous avait emmenés auparavant jusqu’au centre de pèlerinage de Kalimath (math en hindi et sanskrit signifie monastère) dédié à la mère divine. C’est là qu’il avait exercé comme médecin pendant quelques temps.
Notre petit bus cahotant quitte la haute montagne pour descendre au milieu des bois vers Dehra-Dun. Le trafic dans les rues en ville, ou sur la route en Inde, est tout à fait particulier. Les véhicules se foncent dessus face à face. Le tamponnement de plein fouet semble inévitable. Les plus lucides ferment les yeux, le mental en délire, jusqu’à ce qu’au tout dernier moment chacun des véhicules biaise vertigineusement du côté qu’il a choisi en évitant le pire, c'est-à-dire nous, les vaches, et tout le reste…
L’arrivée
sur Dehra-Dun nous permet une halte de dévotion dans l’ashram où
Mâ quitta son corps en 1982…et une halte au magnifique Temple Tibétain
en plein office…Nous sommes heureux également de retrouver dans
les sous-bois, la maison ronde du Swami Suisse Jnânanda dont la virilité
nous entraîne à chanter avec lui les kirtans. Son enseignement
ce jour là porte sur le ‘Gourou’…Le gourou est comme votre père,
votre mère, il est aussi votre SOI…le gourou ne meurt jamais… Si
vous sentez qu’à la mort, il a disparu, c’est que vous n’aviez pas
la bonne relation avec lui…
Voici
Hardwar, l’une des villes qui abritent
La pouja au Samadhî de Mâ Anandamayîprocure chaque soir une émotion profonde, que nous emportons dans nos cœurs pour améliorer notre méditation au retour. Un retour qui passe par Delhi et par les quelques emplettes, livres ou souvenirs, achetés avant de nous rendre dans le centre ville au Gurudwara (temple Sikh) de Bangala Saheb, animé constamment par de beaux chants et de nombreux visiteurs.
Pour boucler la boucle, nous prenons un dîner d’adieu dans le Parc des Daims au milieu d’un jardin verdoyant, sur la route menant à l’aéroport…
Demain déjà, pour aller travailler, « nous nous lèverons de bonheur ! »